« Dehors
le soleil ne sert à rien, il est là mais ne réchauffe pas. Un ciel
bleu d'acier froid l'encadre et vitrifie l'atmosphère. Aucun nuage.
Les tours de véhicules semblent de verre, coupantes, cassantes. Plus
la peine d'aller chercher son nécessaire à trichlo planqué allée
E,F,G, Black Shark ne sortira pas cet après-midi. Son père en a
décidé autrement, son père a décidé de le préparer au Kännöst,
de céder à leur tradition de merde et aux exigences du vieux
pourri, de Zelj le tueur de chien.»
La
Rouille
Eric
Richer
éditions
de l'Ogre (2018)
Un
enfant sans mère, vivant avec un père qui ne s'en occupe presque
pas dans une casse de voitures. La seule présence aimée, son chien
Lupus, abattu par son grand-père qui le jugeait trop malade. Le
garçon sniffe tous les solvants possibles et imaginables pour fuir
la réalité et retrouver son requin noir, animal totémique qui le
soutient et l'accompagne quand il se shoote.
Aucun
espoir pour ce garçon (malgré le frère de sa mère qui veille un peu sur lui) dans un monde d'hommes désespérés
s'accrochant à un rituel barbare de passage à l'âge adulte pour
essayer de garder une structure à une société qui se délite.
Le
garçon n'en réchappera pas. L'écriture laisse une place à ses
délires. La distorsion entre ce qu'il voit et ce qu'il comprend ou
perçoit quand il se shoote est rendu dans le style, ce qui donne des
moments d'écriture où l'on a l'impression d'être dans des sables
mouvants d'une perception altérée par les vapeurs de trichlo.
Très
dur.
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