(Scénario pour une bande dessinée courte)
A table.
Il faut imaginer un
personnage extravagant qui pourrait faire penser à une autrice
anglo-saxonne. Elle est en train de manger la bouche grande ouverte
laissant voir le bol alimentaire qu'elle enfourne à chaque phrase.
Elle parle tout le temps, le tout est accompagné de slurp, hmmmm et
autres scrountch scrountch...
On ne voit jamais son
interlocuteur si ce n'est en ombre chinoise en amorce de l'image.
La femme :
Le personnage de tueur en
série est complètement dépassé.
Une fantaisie littéraire
rassurante dans un espace balisé.
Donnez moi les faits je
vous trouve la cause et hop s'est emballé.
C'est d'un ennui.
L'absurde qui s’immisce
sans raison, la pulsion soudaine qui vient de nulle part, la petite
raison mesquine et voilà la scène de meurtre qui vous balance dans
le réel.
Fini le consensus
psychologisant qui nous rassure quand on connaît les déviances de
l'assassin ! On est plus là pour rassurer le lecteur après
lui avoir foutu une petite trouille maîtrisée ! On veut lui mettre
la tête dedans pour faire exploser la langue ! C'est le style
qu'on cherche !
Je n'ai jamais aimé
l'expression « à l'os ».
Pour moi c'est la tripe
le sujet, le mou et l'obscur... ce qui ne tient pas debout.
Un
serveur s'approche avec les cafés.
La femme :
Merci Jacques. Oh mais je n'avais pas vu l'heure... je ne vais pas
vous retenir plus longtemps.
Le serveur :
Madame est sûr ?
La femme :
Oui, oui je rangerai. A demain.
La femme se retournant
vers son interlocuteur...
La femme :
Mais vous m'aviez parlé d'un pathologie intéressante tout à
l'heure, La miso... ?
Le convive :
La misophonie.
L'ombre a envahie la
case. Peut-être une deuxième case noire et une autre avec un texte
en juxtaposition. Les cases sont ensuite des plans rapprochés sur
les détails du crime. Un flic au téléphone portable.
Le flic :
Chef. Le dingue a encore
frappé.
...
Ce matin, ouais... Une
femme qu'écrivait des livres.
...
Ouais... Exactement le
même mode opératoire...
...
Y'a un peu de mise en
scène cette fois. Ouais... Il lui a coincé les gésiers du poulet
dans la gorge...
Dernière en plan
large. Image de la femme avec une fourchette dans le cou, la bouche
ouverte et la carcasse du poulet dans la main.
On
dirait qu'il a fait du style cette fois-ci.
[La misophonie,
littéralement « haine du son », est un trouble
neuropsychique rarement diagnostiqué mais commun, caractérisé par
des états psychiques forts désagréables (colère, haine, anxiété,
rage, dégoût ) déclenchés par des sons spécifiques. L'intensité
des sons peut être élevée ou faible.]
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