2 avr. 2019

Prix en tenaille



Soirée littéraire, foule, open bar. Attente au comptoir.
Seul, goguenard, souriant, tout va bien. Je reprendrais bien un gin tonic. Deux filles à ma droite, d'autres personnes à ma gauche... Remplacées soudainement par une grande ombre vibrante. Prestance ! Obtention immédiate d'une boisson de la part de la serveuse, il entame une discussion avec la fille à ma droite. Vannes, vannes, les corps se rapprochent. Au milieu je sens l'espace se restreindre, et les souffles chauds d'une intimité où je n'ai pas le droit de cité me remplissent néanmoins de la joie d'un spectacle incandescent.
Et là... Paf ! « C'est moi qu'ai eu le prix » qu'il lui dit.
Wouah ! On n'est pas aux éditions de Minuit à courber des verres avec des bananes, il est vingt-trois heures trente-deux et boum on a la tension principale au deuxième paragraphe.
Pris en tenaille dans un arc narratif hyper tendu, je songe à lancer « On est des primés ! On est des primés ! » Car ouais ! Attention ! Le décor (moi - la moule souriante accrochée au zinc dans l'espoir d'avoir un gin tonic) a aussi eu un prix ! L'arrière-plan se rebelle le temps d'un songe (d'une nuit de printemps où l'on passe à l'heure d'été).


J'ai abdiqué... Quand on n'a pas de place dans une histoire faut pas insister.
Je suis passé à côté, tel une moule déplacée par le courant de la vie.

J'ai alors agité mes bras très haut (comme savent le faire les moules déracinées) et j'ai enfin eu mon gin tonic.

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