On peut se promener avec un chapeau dans un cimetière ? Parce que là… Il tape fort le soleil. C’est probablement une question de respect et je n’en manque pas, mais là, ça cogne... Il est joli le chemin qui mène jusque ici, enfin la route, puisqu’il est écrit route du cimetière. Pourtant, ça ressemble bien à un chemin cette petite bande d‘herbe grasse entre deux jardins clos et arborés. Et puis les voitures y sont interdites. Je me suis demandé si le corbillard allait pouvoir arriver jusqu’ici. Ça aurait eu de la gueule le cercueil porté à l’épaule dans ce petit chemin entre deux murs en pierres. Mais bon. Finalement. C’est pratique cette route qui contourne le village.
Je n’étais jamais venu ici. En même temps il n’y a pas de raison.
On va plutôt rester près de la haie, au moins on peut enlever son chapeau en se mettant à l’ombre. Ils auraient pu penser à mettre quelques arbres dans le cimetière quand même. Enfin, il y en a un. C’est déjà pas mal. Mais il n’était pas pour nous quand on a chanté tout à l’heure. On cramait littéralement. Vous avez vu le carré pour la famille de Mun ? Il y a de tout. Du comte, du vicomte, de la vicomtesse, du marquis et de la marquise, tous morts au siècle dernier. Ça sent la noblesse d’empire. Non ? Enfin, pour ce que j’en connais…
Et donc ça ressemble à ça un caveau moderne. C’est du ciment. Le cercueil repose sur deux plaques de béton juchées au-dessus des cercueils de ses parents. Il semble si seul sur sa dalle. Si petit. La conversation avec sa mère ne va pas être aisée… au travers du ciment. On se fait des idées, hein ?
Qu’est-ce qui dit le monsieur des pompes funèbres ? Il veut savoir si on le met à droite ou à gauche dans le caveau. Ah c’est ça qu’il avait l’air perdu au milieu de rien, c’est un quatre places. Mais il n’y aura plus personne après, ça n’a aucune importance qu’il soit à droite ou à gauche. Il faudrait le laisser comme ça. Oui mais, au cas où…
Monsieur ! S’il faut choisir, mettez-le à gauche ! C’est bien à gauche !
Enfin… j’ai quand même l’impression que le centre lui aurait plus convenu.
Il a toujours eu du mal à choisir.
On se fait des idées, hein ?